Temps de lecture 4 minutes > Robert DESNOS 1900-1945 A la mystérieuse J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant Et de baiser sur cette bouche la naissance De la voix qui m’est chère? J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués En étreignant ton ombre A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas Au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante Et me gouverne depuis des jours et des années, Je deviendrais une ombre sans doute. O balances sentimentales. J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps Sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé A toutes les apparences de la vie Et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, Je pourrais moins toucher ton front Et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, Couché avec ton fantôme Qu’il ne me reste plus peut-être, Et pourtant, qu’a être fantôme Parmi les fantômes et plus ombre Cent fois que l’ombre qui se promène Et se promènera allègrement Sur le cadran solaire de ta vie. ​1926, paru dans Corps et biens, 1930 ​​​ Mais je bois goulûment les larmes de nos peines Quitte à briser mon verre à l’écho de tes cris Poème à Florence extrait, 1929 Les espaces du sommeil Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme. Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés. Il y a toi. Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l’assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier. Il y a toi. Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l’aube. Il y a toi. Un air de piano, un éclat de voix. Une porte claque. Une horloge. Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels. Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse. Il y a toi l’immolée, toi que j’attends. Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent. Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent et se fanent et renaissent comme des feux d’artifice charnus. Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures. Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne. Et l’âme palpable de l’étendue. Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d’il y a ans et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers. Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes. Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire. Mais qui, présente dans mes rêves, t’obstines à s’y laisser deviner sans y paraître. Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve. Toi qui m’appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n’approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu’à la réalité. Toi qu’en dépit d’un rhétorique facile où le flot meurt sur les plages, où la corneille vole dans des usines en ruines, où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb, Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisses ton gant quand je baise ta main. Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d’êtres. Dans la nuit il y a les merveilles du mondes. Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil. Dans la nuit il y a toi. Dans le jour aussi. Corps et biens, 1930 Je chante ce soir non ce que nous devons combattre Mais ce que nous devons défendre. Les plaisirs de la vie. Le vin qu’on boit avec les camarades. L’amour. Le feu en hiver. La rivière fraîche en été. La viande et le pain de chaque repas. Le refrain que l’on chante en marchant sur la route. Le lit où l’on dort. Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain. Le loisir. La liberté de changer de ciel. Le sentiment de la dignité et beaucoup d’autres choses Dont on ose refuser la possession aux hommes. J’aime et je chante le printemps fleuri. J’aime et je chante l’été avec ses fruits. J’aime et je chante la joie de vivre. J’aime et je chante le printemps. J’aime et je chante l’été, saison dans laquelle je suis né. Chant pour la belle saison, 1938 Né à Paris en 1900, Robert DESNOS est mort du typhus le 8 juin 1945, au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libérée par l’Armée rouge… Citez-en d’autres ARNO Lettre à Donald Trump 2016WOUTERS textesCOLETTE textesWATTS textesDEVOS textesWITTGENSTEIN textesCAMUS textesMONTAIGNE textesHARRISON textesFOIX 12 manières philosophiques d’être courageux Navigation de l’article
RobertDesnos dans son poème met en scène une peinture qu’il fait d’un amour fragile et incertain. En premierlieu nous allons voir comment Desnos nous peint cet amour. Les mots que le poète emploie dévoilent ses sentiments : « tant rêvé de toi », « baiser », « qui m’est chère », « la seule qui compte »,« étreignant », « l’amour ».
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J'ai tant rêvé de toi . . J'ai tant rêvé de toi que tu perds la réalité.. . Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ?. . J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.. . Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.. . Ô balances sentimentales.. . J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour de toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus.. . J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie. Last edited by Valeriu Raut on Thu, 24/03/2022 - 2151 English translationEnglish I have dreamed of you so much . . I have dreamed of you so much that you are no longer real.. .Is there still time for me to reach your breathing body, to kiss your mouth and make your dear voice come alive again?. . I have dreamed of you so much that my arms, grown used to being crossed on my chest as I hugged your shadow, would perhaps not bend to the shape of your body.. . For faced with the real form of what has haunted me and governed me for so many days and years, I would surely become a shadow.. .I have dreamed of you so much that surely there is no more time for me to wake up. I sleep on my feet prey to all the forms of life and love, and you, the only one who counts for me today, I can no more touch your face and lips than touch the lips and face of some passerby.. .I have dreamed of you so much, have walked so much, talked so much, slept so much with your phantom, that perhaps the only thing left for me is to become a phantom among phantoms, a shadow a hundred times more shadow than the shadow the moves and goes on moving, brightly, over the sundial of your life. Submitted by Sarasvati on Sat, 19/05/2018 - 0858 Last edited by Sarasvati on Mon, 14/03/2022 - 1148
Jai tant rêvé de toi Robert DESNOS Recueil : “À la mystérieuse” J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ? J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton
14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 0800 Pour le jeudi en poésie chez les "Croqueurs de mots" Robert Desnos est un poète français né le 04 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 08 juin 1945 au Camp de concentration de Theresienstadt en Tchécoslovaquie à peine libérée du joug de l'Allemagne nazie. J'ai tant rêvé de toi J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ? J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient au contour de nos corps, peut-être. Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute. Ô balances sentimentales. J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que jem'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus. J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie. Mamie Claude - dans Poésies
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