Vouspouvez visiter le site de Corinne Albaut ICI ou jeter un coup d’œil à sa chaîne YouTube. Le loup. On ne m’aime pas du tout Mon poil n’est pas doux, doux, doux. On ne m’aime pas

Le loup On ne m’aime pas du tout Mon poil n’est pas doux doux doux On ne m’aime pas du tout Je vis au fond de mon trou On ne m’aime pas du tout On me chasse de partout On ne m’aime pas du tout On m’appelle méchant loup On ne m’aime pas du tout Et je hurle comme un fou Haou !!! Je suis enseignante d’une classe de grande section. Nous utilisons plutôt des comptines, des poésies simples ou des albums lus pour transmettre ce genre de message. Nous avons travaillé cette poésie en classe pour dire qu’il faut accepter et aimer l’autre même s’il est différent mais aussi en phonologie pour le repérage du son ou ». La signification de l’acceptation de l’autre avec ses différences est évoquée d’une manière claire. D’autre part, le fait que le loup, malgré sa puissance, dise qu’on l’appelle méchant loup et qu’on ne m’aime pas du tout montre qu’il est vexé parce qu’on le juge à cause de son poil qui n’est pas doux, qu’il a besoin de l’amour des autres et ne veut pas être seul. C’est ce que nous apprenons aux enfants de la maternelle comment vivre ensemble et accepter les autres. Ce qui pourrait être un motif très enrichissant pour créer un échange d’idées et travailler alors le langage et le vocabulaire.

Comptine« Haouuu !!! » On ne m'aime pas du tout Mon poil n'est pas doux d On ne m'aime pas du tout Je vis au fond de mon trou On ne m'aime pas du tout On me chasse de partout On ne m'aime pas du tout On m'appelle méchant loup On ne m'aime pas du tout Et je hurle comme un fou Haouuu !!! Lecture de l’album « Roulé le loup ! » de Praline Gay-Para, A
Voici la comptine que nous apprenons pour apprivoiser le loupLe loupOn ne m'aime pas du tout mon poil n'est pas doux doux doux On ne m'aime pas du tout je vis au fond de mon trou, trou, trou On ne m'aime pas du tout on me chasse de partout, ou, ou On ne m'aime pas du tout on m'appelle méchant loup, loup, loup On ne m'aime pas du tout et je hurle comme un fou, fou, fou Haou !!!
Leloup On ne m'aime pas du tout Mon poil n'est pas doux doux doux On ne m'aime pas du tout Je vis au fond de mon trou On ne m'aime pas du tout On me chasse de partout On ne m'aime pas du tout On m'appelle méchant loup On ne m'aime pas du tout Et je hurle comme un fou Haou !!! Conformément aux dispositions du Code de la Propriété Intellectuelle, si ACTE IIIModifier Scène premièreModifier LÉLIO, ARLEQUIN ARLEQUIN entre pleurant. Hi ! hi ! hi ! hi ! LÉLIO Dis-moi donc pourquoi tu pleures ; je veux le savoir absolument. ARLEQUIN, plus fort. Hi ! hi ! hi ! hi ! LÉLIO Mais quel est le sujet de ton affliction ? ARLEQUIN Ah ! Monsieur, voilà qui est fini ; je ne serai plus gaillard. LÉLIO Pourquoi ? ARLEQUIN Faute d’avoir envie de rire. LÉLIO Et d’où vient que tu n’as plus envie de rire, imbécile ? ARLEQUIN À cause de ma tristesse. LÉLIO Je te demande ce qui te rend triste. ARLEQUIN C’est un grand chagrin, Monsieur. LÉLIO Il ne rira plus parce qu’il est triste, et il est triste à cause d’un grand chagrin. Te plaira-t-il de t’expliquer mieux ? Sais-tu bien que je me fâcherai à la fin ? ARLEQUIN Hélas ! je vous dis la vérité. Il soupire. LÉLIO Tu me la dis si sottement, que je n’y comprends rien ; t’a-t-on fait du mal ? ARLEQUIN Beaucoup de mal. LÉLIO Est-ce qu’on t’a battu ? ARLEQUIN Pû ! bien pis que tout, cela, ma foi. LÉLIO Bien pis que tout cela ? ARLEQUIN Oui ; quand un pauvre homme perd de l’or, il faut qu’il meure ; et je mourrai aussi, je n’y manquerai pas. LÉLIO Que veut dire de l’or ? ARLEQUIN De l’or du Pérou ; voilà comme on dit qu’il s’appelle. LÉLIO Est-ce que tu en avais ? ARLEQUIN Eh ! vraiment oui ; voilà mon affaire. Je n’en ai plus, je pleure ; quand j’en avais, j’étais bien aise. LÉLIO Qui est-ce qui te l’avait donné, cet or ? ARLEQUIN C’est Monsieur le Chevalier qui m’avait fait présent de cet échantillon-là. LÉLIO De quel échantillon ? ARLEQUIN Eh ! je vous le dis. LÉLIO Quelle patience il faut avoir avec ce nigaud-là ! Sachons pourtant ce que c’est. Arlequin, fais trêve à tes larmes. Si tu te plains de quelqu’un, j’y mettrai ordre ; mais éclaircis-moi la chose. Tu me parles d’un or du Pérou, après cela d’un échantillon je ne t’entends point ; réponds-moi précisément ; le Chevalier t’a-t-il donné de l’or ? ARLEQUIN Pas à moi ; mais il l’avait donné devant moi à Trivelin pour me le rendre en main propre ; mais cette main propre n’en a point tâté ; le fripon a tout gardé dans la sienne, qui n’était pas plus propre que la mienne. LÉLIO Cet or était-il en quantité ? Combien de louis y avait-il ? ARLEQUIN Peut-être quarante ou cinquante ; je ne les ai pas comptés. LÉLIO Quarante ou cinquante ! Et pourquoi le Chevalier te faisait-il ce présent-là ? ARLEQUIN Parce que je lui avais demandé un échantillon. LÉLIO Encore ton échantillon ! ARLEQUIN Eh ! vraiment oui ; Monsieur le Chevalier en avait aussi donné à Trivelin. LÉLIO Je ne saurais débrouiller ce qu’il veut dire ; il y a cependant quelque chose là-dedans qui peut me regarder. Réponds-moi avais-tu rendu au Chevalier quelque service qui l’engageât à te récompenser. ARLEQUIN Non ; mais j’étais jaloux de ce qu’il aimait Trivelin, de ce qu’il avait charmé son cœur et mis de l’or dans sa bourse ; et moi, je voulais aussi avoir le cœur charmé et la bourse pleine. LÉLIO Quel étrange galimatias me fais-tu là ? ARLEQUIN Il n’y a pourtant rien de plus vrai que tout cela. LÉLIO Quel rapport y a-t-il entre le cœur de Trivelin et le Chevalier ? Le Chevalier a-t-il de si grands charmes ? Tu parles de lui comme d’une femme. ARLEQUIN Tant y a qu’il est ravissant, et qu’il fera aussi rafle de votre cœur, quand vous le connaîtrez. Allez, pour voir, lui dire je vous connais et je garderai le secret. Vous verrez si ce n’est pas un échantillon qui vous viendra sur-le-champ, et vous me direz si je suis fou. LÉLIO Je n’y comprends rien. Mais qui est-il, le Chevalier ? ARLEQUIN Voilà justement le secret qui fait avoir un présent, quand on le garde. LÉLIO Je prétends que tu me le dises, moi. ARLEQUIN Vous me ruineriez, Monsieur, il ne me donnerait plus rien, ce charmant petit semblant d’homme, et je l’aime trop pour le fâcher. LÉLIO Ce petit semblant d’homme ! Que veut-il dire ? et que signifie son transport ? En quoi le trouves-tu donc plus charmant qu’un autre ? ARLEQUIN Ah ! Monsieur, on ne voit point d’hommes comme lui ; il n’y en a point dans le monde ; c’est folie que d’en chercher ; mais sa mascarade empêche de voir cela. LÉLIO Sa mascarade ! Ce qu’il me dit là me fait naître une pensée que toutes mes réflexions fortifient ; le Chevalier a de certains traits, un certain minois… Mais voici Trivelin ; je veux le forcer à me dire la vérité, s’il la sait ; j’en tirerai meilleure raison que de ce butor-là. À Arlequin. Va-t’en ; je tâcherai de te faire ravoir ton argent. Arlequin part en lui baisant la main et se plaignant. Scène IIModifier LÉLIO, TRIVELIN TRIVELIN entre en rêvant, et, voyant Lélio, il dit. Voici ma mauvaise paye ; la physionomie de cet homme-là m’est devenue fâcheuse ; promenons-nous d’un autre côté. LÉLIO l’appelle. Trivelin, je voudrais bien te parler. TRIVELIN À moi, Monsieur ? Ne pourriez-vous pas remettre cela ? J’ai actuellement un mal de tête qui ne me permet de conversation avec personne. LÉLIO Bon, bon ! c’est bien à toi à prendre garde à un petit mal de tête, approche. TRIVELIN Je n’ai, ma foi, rien de nouveau à vous apprendre, au moins. LÉLIO va à lui, et le prenant par le bras. Viens donc. TRIVELIN Eh bien, de quoi s’agit-il ? Vous reprocheriez-vous la récompense que vous m’avez donnée tantôt ? Je n’ai jamais vu de bienfait dans ce goût-là ; voulez-vous rayer ce petit trait-là de votre vie ? tenez, ce n’est qu’une vétille, mais les vétilles gâtent tout. LÉLIO Écoute, ton verbiage me déplaît. TRIVELIN Je vous disais bien que je n’étais pas en état de paraître en compagnie. LÉLIO Et je veux que tu répondes positivement à ce que je te demanderai ; je réglerai mon procédé sur le tien. TRIVELIN Le vôtre sera donc court ; car le mien sera bref. Je n’ai vaillant qu’une réplique, qui est que je ne sais rien ; vous voyez bien que je ne vous ruinerai pas en interrogations. LÉLIO Si tu me dis la vérité, tu n’en seras pas fâché. TRIVELIN Sauriez-vous encore quelques coups de bâton à m’épargner ? LÉLIO, fièrement. Finissons. TRIVELIN, s’en allant. J’obéis. LÉLIO Où vas-tu ? TRIVELIN Pour finir une conversation, il n’y a rien de mieux que de la laisser là ; c’est le plus court, ce me semble. LÉLIO Tu m’impatientes, et je commence à me fâcher ; tiens-toi là ; écoute, et me réponds. TRIVELIN, à part. À qui en a ce diable d’homme-là ? LÉLIO Je crois que tu jures entre tes dents ? TRIVELIN Cela m’arrive quelquefois par distraction. LÉLIO Crois-moi, traitons avec douceur ensemble, Trivelin, je t’en prie. TRIVELIN Oui-da, comme il convient à d’honnêtes gens. LÉLIO Y a-t-il longtemps que tu connais le Chevalier ? TRIVELIN Non, c’est une nouvelle connaissance ; la vôtre et la mienne sont de la même date. LÉLIO Sais-tu qui il est ? TRIVELIN Il se dit cadet d’un aîné gentilhomme ; mais les titres, de cet aîné, je ne les ai point vus ; si je les vois jamais, je vous en promets copie. LÉLIO Parle-moi à cœur ouvert. TRIVELIN Je vous la promets, vous dis-je, je vous en donne ma parole ; il n’y a point de sûreté de cette force-là nulle part. LÉLIO Tu me caches la vérité ; le nom de Chevalier qu’il porte n’est qu’un faux nom. TRIVELIN Serait-il l’aîné de sa famille ? Je l’ai cru réduit à une légitime ; voyez ce que c’est ! LÉLIO Tu bats la campagne ; ce Chevalier mal nommé, avoue-moi que tu l’aimes. TRIVELIN Eh ! je l’aime par la règle générale qu’il faut aimer tout le monde ; voilà ce qui le tire d’affaire auprès de moi. LÉLIO Tu t’y ranges avec plaisir, à cette règle-là. TRIVELIN Ma foi, Monsieur, vous vous trompez, rien ne me coûte tant que mes devoirs ; plein de courage pour les vertus inutiles, je suis d’une tiédeur pour les nécessaires qui passe l’imagination ; qu’est-ce que c’est que nous ! N’êtes-vous pas comme moi, Monsieur ? LÉLIO, avec dépit. Fourbe ! tu as de l’amour pour ce faux Chevalier. TRIVELIN Doucement, Monsieur ; diantre ! ceci est sérieux. LÉLIO Tu sais quel est son sexe. TRIVELIN Expliquons-nous. De sexes, je n’en connais que deux l’un qui se dit raisonnable, l’autre qui nous prouve que cela n’est pas vrai ; duquel des deux le Chevalier est-il ? LÉLIO, le prenant par le bouton. Puisque tu m’y forces, ne perds rien de ce que je vais te dire. Je te ferai périr sous le bâton si tu me joues davantage ; m’entends-tu ? TRIVELIN Vous êtes clair. LÉLIO Ne m’irrite point ; j’ai dans cette affaire-ci un intérêt de la dernière conséquence ; il y va de ma fortune ; et tu parleras, ou je te tue. TRIVELIN Vous me tuerez si je ne parle ? Hélas ! Monsieur, si les babillards ne mouraient point, je serais éternel, ou personne ne le serait. LÉLIO Parle donc. TRIVELIN Donnez-moi un sujet ; quelque petit qu’il soit, je m’en contente, et j’entre en matière. LÉLIO, tirant son épée. Ah ! tu ne veux pas ! Voici qui te rendra plus docile. TRIVELIN, faisant l’effrayé. Fi donc ! Savez-vous bien que vous me feriez peur, sans votre physionomie d’honnête homme ? LÉLIO, le que tu es ! TRIVELIN C’est mon habit qui est un coquin ; pour moi, je suis un brave homme, mais avec cet équipage-là, on a de la probité en pure perte ; cela ne fait ni honneur ni profit. LÉLIO, remettant son je tâcherai de me passer de l’aveu que je te demandais ; mais je te retrouverai, et tu me répondras de ce qui m’arrivera de fâcheux. TRIVELIN En quelque endroit que nous nous rencontrions, Monsieur, je sais ôter mon chapeau de bonne grâce, je vous en garantis la preuve, et vous serez content de moi. LÉLIO, en colère. Retire-toi. TRIVELIN, s’en allant. Il y a une heure que je vous l’ai proposé. Scène IIIModifier LE CHEVALIER, LÉLIO, rêveur. LE CHEVALIER Eh bien ! mon ami, la Comtesse écrit actuellement des lettres pour Paris ; elle descendra bientôt, et veut se promener avec moi, m’a-t-elle dit. Sur cela, je viens t’avertir de ne nous pas interrompre quand nous serons ensemble, et d’aller bouder d’un autre côté, comme il appartient à un jaloux. Dans cette conversation-ci, je vais mettre la dernière main à notre grand œuvre, et achever de la résoudre. Mais je voudrais que toutes tes espérances fussent remplies, et j’ai songé à une chose le dédit que tu as d’elle est-il bon ? Il y a des dédits mal conçus et qui ne servent de rien ; montre-moi le tien, je m’y connais, en cas qu’il y manquât quelque chose, on pourrait prendre des mesures. LÉLIO, à de le démasquer si mes soupçons sont justes. LE CHEVALIER Réponds-moi donc ; à qui en as-tu ? LÉLIO Je n’ai point le dédit sur moi ; mais parlons d’autre chose. LE CHEVALIER Qu’y a-t-il de nouveau ? Songes-tu encore à me faire épouser quelque autre femme avec la Comtesse ? LÉLIO Non ; je pense à quelque chose de plus sérieux ; je veux me couper la gorge. LE CHEVALIER Diantre ! quand tu te mêles du sérieux, tu le traites à fond ; et que t’a fait ta gorge pour la couper ? LÉLIO Point de plaisanterie. LE CHEVALIER, à part. Arlequin aurait-il parlé ! À Lélio. Si ta résolution tient, tu me feras ton légataire, peut-être ? LÉLIO Vous serez de la partie dont je parle. LE CHEVALIER Moi ! je n’ai rien à reprocher à ma gorge, et sans vanité je suis content d’elle. LÉLIO Et moi, je ne suis point content de vous, et c’est avec vous que je veux m’égorger. LE CHEVALIER Avec moi ? LÉLIO Vous même. LE CHEVALIER, riant et le poussant de la main. Ah ! ah ! ah ! ah ! Va te mettre au lit et te faire saigner, tu es malade. LÉLIO Suivez-moi. LE CHEVALIER, lui tâtant le pouls. Voilà un pouls qui dénote un transport au cerveau ; il faut que tu aies reçu un coup de soleil. LÉLIO Point tant de raisons ; suivez-moi, vous dis-je. LE CHEVALIER Encore un coup, va te coucher, mon ami. LÉLIO Je vous regarde comme un lâche si vous ne marchez. LE CHEVALIER, avec pitié. Pauvre homme ! après ce que tu me dis là, tu es du moins heureux de n’avoir plus le bon sens. LÉLIO Oui, vous êtes aussi poltron qu’une femme. LE CHEVALIER, à part. Tenons ferme. À Lélio. Lélio, je vous crois malade ; tant pis pour vous si vous ne l’êtes pas. LÉLIO, avec vous dis que vous manquez de cœur, et qu’une quenouille siérait mieux à votre côté qu’une épée. LE CHEVALIER Avec une quenouille, mes pareils vous battraient encore. LÉLIO Oui, dans une ruelle. LE CHEVALIER Partout. Mais ma tête s’échauffe ; vérifions un peu votre état. Regardez-moi entre deux yeux ; je crains encore que ce ne soit un accès de fièvre, voyons. Lélio le regarde. Oui, vous avez quelque chose de fou dans le regard, et j’ai pu m’y tromper. Allons, allons ; mais que je sache du moins en vertu de quoi je vais vous rendre sage. LÉLIO Nous passons dans ce petit bois, je vous le dirai là. LE CHEVALIER Hâtons-nous donc. À part. S’il me voit résolue, il sera peut-être poltron. Ils marchent tous deux, quand ils sont tout près de sortir du théâtre. LÉLIO se retourne, regarde le Chevalier, et dit. Vous me suivez donc ? LE CHEVALIER Qu’appelez-vous, je vous suis ? qu’est-ce que cette réflexion-là. Est-ce qu’il vous plairait à présent de prendre le transport au cerveau pour excuse ? Oh ! il n’est-plus temps ; raisonnable ou fou ; malade ou sain, marchez ; je veux filer ma quenouille. Je vous arracherais, morbleu, d’entre les mains des médecins, voyez-vous ! Poursuivons. LÉLIO le regarde avec attention. C’est donc tout de bon ? LE CHEVALIER Ne nous amusons point, vous dis-je, vous devriez être expédié. LÉLIO, revenant au mon ami ; expliquons-nous à présent. LE CHEVALIER, lui serrant la main. Je vous regarde comme un lâche si vous hésitez davantage. LÉLIO, à part. Je me suis, ma foi, trompé ; c’est un cavalier, et des plus résolus. LE CHEVALIER, mutin. Vous êtes plus poltron qu’une femme. LÉLIO Parbleu ! Chevalier, je t’en ai cru une ; voilà la vérité. De quoi t’avises-tu aussi d’avoir un visage à toilette ? Il n’y a point de femme à qui ce visage-là n’allât comme un charme ; tu es masqué en coquette. LE CHEVALIER Masque vous-même ; vite au bois ! LÉLIO Non ; je ne voulais faire qu’une épreuve. Tu as chargé Trivelin de donner de l’argent à Arlequin, je ne sais pourquoi. LE CHEVALIER, sérieusement. Parce qu’étant seul, il m’avait entendu dire quelque chose de notre projet, qu’il pouvait rapporter à la Comtesse ; voilà pourquoi, Monsieur. LÉLIO Je ne devinais pas. Arlequin m’a tenu aussi des discours qui signifiaient que tu étais fille ; ta beauté me l’a fait d’abord soupçonner ; mais je me rends. Tu es beau, et encore plus brave ; embrassons-nous et reprenons notre intrigue. LE CHEVALIER Quand un homme comme moi est en train, il a de la peine à s’arrêter. LÉLIO Tu as encore cela de commun avec la femme. LE CHEVALIER Quoi qu’il en soit, je ne suis curieux de tuer personne ; je vous passe votre méprise ; mais elle vaut bien une excuse. LÉLIO Je suis ton serviteur, Chevalier, et je te prie d’oublier mon incartade. LE CHEVALIER Je l’oublie, et suis ravi que notre réconciliation m’épargne une affaire épineuse, et sans doute un homicide. Notre duel était positif ; et si j’en fais jamais un, il n’aura rien à démêler avec les ordonnances. LÉLIO Ce ne sera pas avec moi, je t’en assure. LE CHEVALIER Non, je te le promets. LÉLIO, lui donnant la main. Touche là ; je t’en garantis autant. Arlequin arrive et se trouve là. Scène IVModifier LE CHEVALIER, LÉLIO, ARLEQUIN ARLEQUIN Je vous demande pardon si je vous suis importun, Monsieur le Chevalier ; mais ce larron de Trivelin ne veut pas me rendre l’argent que vous lui avez donné pour moi. J’ai pourtant été bien discret. Vous m’avez ordonné de ne pas dire que vous étiez fille ; demandez à Monsieur Lélio si je lui en ai dit un mot ; il n’en sait rien, et je ne lui apprendrai jamais. LE CHEVALIER, étonné. Peste soit du faquin ! je n’y saurais plus tenir ARLEQUIN, tristement. Comment, faquin ! C’est donc comme cela que vous m’aimez ? À Lélio. Tenez, Monsieur, écoutez mes raisons ; je suis venu tantôt, que Trivelin lui disait que tu es charmante, ma poule ! Baise-moi. Non. Donne-moi donc de l’argent. Ensuite il a avancé la main pour prendre cet argent ; mais la mienne était là, et il est tombé dedans. Quand le Chevalier a vu que j’étais là mon fils, m’a-t-il dit, n’apprends pas au monde que je suis une fillette. Non, mamour ; mais donnez-moi votre cœur. Prends, a-t-elle repris. Ensuite elle a dit à Trivelin de me donner de l’or. Nous avons été boire ensemble, le cabaret en est témoin et je reviens exprès pour avoir l’or et le cœur ; et voilà qu’on m’appelle un faquin ! Le Chevalier rêve. LÉLIO Va-t’en, laisse-nous, et ne dis mot à personne. ARLEQUIN sort. Ayez donc soin de mon bien. Hé, hé, hé Scène VModifier LE CHEVALIER, LÉLIO LÉLIO Eh bien, Monsieur le duelliste, qui se battra sans blesser les ordonnances, je vous crois, mais qu’avez-vous à répondre ? LE CHEVALIER Rien ; il ne ment pas d’un mot. LÉLIO Vous voilà bien déconcertée, ma mie. LE CHEVALIER Moi, déconcertée ! pas un petit brin, grâces au ciel ; je suis une femme, et je soutiendrai mon caractère. LÉLIO Ah, ha ! il s’agit de savoir à qui vous en voulez ici. LE CHEVALIER Avouez que j’ai du guignon. J’avais bien conduit tout cela ; rendez-moi justice ; je vous ai fait peur avec mon minois de coquette ; c’est le plus plaisant. LÉLIO Venons au fait ; j’ai eu l’imprudence de vous ouvrir mon cœur. LE CHEVALIER Qu’importe ? je n’ai rien vu dedans qui me fasse envie. LÉLIO Vous savez mes projets. LE CHEVALIER Qui n’avaient pas besoin d’un confident comme moi ; n’est-il pas vrai ? LÉLIO Je l’avoue. LE CHEVALIER Ils sont pourtant beaux ! J’aime surtout cet ermitage et cette laideur immanquable dont vous gratifierez votre épouse quinze jours après votre mariage ; il n’y a rien de tel. LÉLIO Votre mémoire est fidèle ; mais passons. Qui êtes-vous ? LE CHEVALIER Je suis fille, assez jolie, comme vous voyez, et dont les agréments seront de quelque durée, si je trouve un mari qui me sauve le désert et le terme des quinze jours ; voilà ce que je suis, et, par-dessus le marché, presque aussi méchante que vous. LÉLIO Oh ! pour celui-là, je vous le cède. LE CHEVALIER Vous avez tort ; vous méconnaissez vos forces. LÉLIO Qu’êtes-vous venue faire ici ? LE CHEVALIER Tirer votre portrait, afin de le porter à certaine dame qui l’attend pour savoir ce qu’elle fera de l’original. LÉLIO Belle mission ! LE CHEVALIER Pas trop laide. Par cette mission-là, c’est une tendre brebis qui échappe au loup, et douze mille livres de rente de sauvées, qui prendront parti ailleurs ; petites, bagatelles qui valaient bien la peine d’un déguisement. LÉLIO, intrigué. Qu’est-ce que c’est que tout cela signifie ? LE CHEVALIER Je m’explique la brebis, c’est ma maîtresse ; les douze mille livres de rente, c’est son bien, qui produit ce calcul si raisonnable de tantôt ; et le loup qui eût dévoré tout cela, c’est vous, Monsieur. LÉLIO Ah ! je suis perdu. LE CHEVALIER Non ; vous manquez votre proie ; voilà tout ; il est vrai qu’elle était assez bonne ; mais aussi pourquoi êtes-vous loup ? Ce n’est pas ma faute. On a su que vous étiez à Paris incognito ; on s’est défié de votre conduite. Là-dessus on vous suit, on sait que vous êtes au bal ; j’ai de l’esprit et de la malice, on m’y envoie ; on m’équipe comme vous me voyez, pour me mettre à portée de vous connaître ; j’arrive, je fais ma charge, je deviens votre ami, je vous connais, je trouve que vous ne valez rien ; j’en rendrai compte ; il n’y a pas un mot à redire. LÉLIO Vous êtes donc la femme de chambre de la demoiselle en question ? LE CHEVALIER Et votre très humble servante. LÉLIO Il faut avouer que je suis bien malheureux ! LE CHEVALIER Et moi bien adroite ! Mais, dites-moi, vous repentez-vous du mal que vous vouliez faire, ou de celui que vous n’avez pas fait ? LÉLIO Laissons cela. Pourquoi votre malice m’a-t-elle encore ôté le cœur de la Comtesse ? Pourquoi consentir à jouer auprès d’elle le personnage que vous y faites ? LE CHEVALIER Pour d’excellentes raisons. Vous cherchiez à gagner dix mille écus avec elle, n’est-ce pas ? Pour cet effet, vous réclamiez mon industrie ; et quand j’aurais conduit l’affaire près de sa fin, avant de terminer je comptais de vous rançonner un peu, et d’avoir ma part au pillage ; ou bien de tirer finement le dédit d’entre vos mains, sous prétexte de le voir, pour vous le revendre une centaine de pistoles payées comptant, ou en billets payables au porteur, sans quoi j’aurais menacé de vous perdre auprès des douze mille livres de rente, et de réduire votre calcul à zéro. Oh mon projet était fort bien entendu ; moi payée, crac, je décampais avec mon petit gain, et le portrait qui m’aurait encore valu quelque petit revenant-bon auprès de ma maîtresse ; tout cela joint à mes petites économies, tant sur mon voyage que sur mes gages, je devenais, avec mes agréments, un petit parti d’assez bonne défaite sauf le loup. J’ai manqué mon coup, j’en suis bien fâchée ; cependant vous me faites pitié, vous. LÉLIO Ah ! si tu voulais… LE CHEVALIER Vous vient-il quelque idée ? Cherchez. LÉLIO Tu gagnerais encore plus que tu n’espérais. LE CHEVALIER Tenez, je ne fais point l’hypocrite ici ; je ne suis pas, non plus que vous, à un tour de fourberie près. Je vous ouvre aussi mon cœur ; je ne crains pas de scandaliser le vôtre, et nous ne nous soucierons pas de nous estimer ; ce n’est pas la peine entre gens de notre caractère ; pour conclusion, faites ma fortune, et je dirai que vous êtes un honnête homme ; mais convenons de prix pour l’honneur que je vous fournirai ; il vous en faut beaucoup. LÉLIO Eh ! demande-moi ce qu’il te plaira, je te l’accorde. LE CHEVALIER Motus au moins ! gardez-moi un secret éternel. Je veux deux mille écus, je n’en rabattrai pas un sou ; moyennant quoi, je vous laisse ma maîtresse, et j’achève avec la Comtesse. Si nous nous accommodons, dès ce soir j’écris une lettre à Paris, que vous dicterez vous-même ; vous vous y ferez tout aussi beau qu’il vous plaira, je vous mettrai à même. Quand le mariage sera fait, devenez ce que vous pourrez, je serai nantie, et vous aussi ; les autres prendront patience. LÉLIO Je te donne les deux mille écus, avec mon amitié. LE CHEVALIER Oh ! pour cette nippe-là, je vous la troquerai contre cinquante pistoles, si vous voulez. LÉLIO Contre cent, ma chère fille. LE CHEVALIER C’est encore mieux ; j’avoue même qu’elle ne les vaut pas. LÉLIO Allons, ce soir nous écrirons. LE CHEVALIER Oui. Mais mon argent, quand me le donnerez-vous ? LÉLIO, tirant une bague. Voici une bague pour les cent pistoles du troc, d’abord. LE CHEVALIER Bon ! Venons aux deux mille écus. LÉLIO Je te ferai mon billet tantôt. LE CHEVALIER Oui, tantôt ! Madame la Comtesse va venir, et je ne veux point finir avec elle que je n’aie toutes mes sûretés. Mettez-moi le dédit en main ; je vous le rendrai tantôt pour votre billet. LÉLIO, le tirant. Tiens, le voilà. LE CHEVALIER Ne me trahissez jamais. LÉLIO Tu es folle. LE CHEVALIER Voici la Comtesse. Quand j’aurai été quelque temps avec elle, revenez en colère la presser de décider hautement entre vous et moi ; et allez-vous-en, de peur qu’elle ne nous voie ensemble. Lélio sort. Scène VIModifier LA COMTESSE, LE CHEVALIER LE CHEVALIER J’allais vous trouver, Comtesse. LA COMTESSE Vous m’avez inquiétée, Chevalier. J’ai vu de loin, Lélio vous parler ; c’est un homme emporté ; n’ayez point d’affaire avec lui, je vous prie. LE CHEVALIER Ma foi, c’est un original. Savez-vous qu’il se vante de vous obliger à me donner mon congé ? LA COMTESSE Lui ? S’il se vantait d’avoir le sien, cela serait plus raisonnable. LE CHEVALIER Je lui ai promis qu’il l’aurait, et vous dégagerez ma parole. Il est encore de bonne heure ; il peut gagner Paris, et y arriver au soleil couchant ; expédions-le, ma chère âme. LA COMTESSE Vous n’êtes qu’un étourdi, Chevalier ; vous n’avez pas de raison. LE CHEVALIER De la raison ! que voulez-vous que j’en fasse avec de l’amour ? Il va trop son train pour elle. Est-ce qu’il vous en reste encore de la raison, Comtesse ? Me feriez-vous ce chagrin-là ? Vous ne m’aimeriez guère. LA COMTESSE Vous voilà dans vos petites folies ; vous savez qu’elles sont aimables, et c’est ce qui vous rassure ; il est vrai que vous m’amusez. Quelle différence de vous à Lélio, dans le fond ! LE CHEVALIER Oh ! vous ne voyez rien. Mais revenons à Lélio ; je vous disais de le renvoyer aujourd’hui ; l’amour vous y condamne ; il parle, il faut obéir. LA COMTESSE Eh bien je me révolte ; qu’en arrivera-t-il ? LE CHEVALIER Non ; vous n’oseriez, LA COMTESSE Je n’oserais ! Mais voyez avec quelle hardiesse il me dit cela ! LE CHEVALIER Non, vous dis-je ; je suis sûr de mon fait ; car vous m’aimez votre cœur est à moi. J’en ferai ce que je voudrai, comme vous ferez du mien ce qu’il vous plaira ; c’est la règle, et vous l’observerez, c’est moi qui vous le dis. LA COMTESSE Il faut avouer que voilà un fripon bien sûr de ce qu’il vaut. Je l’aime ! mon cœur est à lui ! il nous dit cela avec une aisance admirable ; on ne peut pas être plus persuadé qu’il est. LE CHEVALIER Je n’ai pas le moindre petit doute ; c’est une confiance que vous m’avez donnée ; et j’en use sans façon, comme vous voyez, et je conclus toujours que Lélio partira. LA COMTESSE Et vous n’y. songez pas. Dire à un homme qu’il s’en aille ! LE CHEVALIER Me refuser son congé à moi qui le demande, comme s’il ne m’était pas dû ! LA COMTESSE Badin ! LE CHEVALIER Tiède amante ! LA COMTESSE Petit tyran LE CHEVALIER Cœur révolté, vous rendrez-vous ? LA COMTESSE Je ne saurais, mon cher Chevalier ; j’ai quelques raisons pour en agir plus honnêtement avec lui. LE CHEVALIER Des raisons, Madame, des raisons ! et qu’est-ce que c’est que cela ? LA COMTESSE Ne vous alarmez point ; c’est que je lui ai prêté de l’argent. LE CHEVALIER Eh bien ! vous en aurait-il fait une reconnaissance qu’on n’ose produire en justice ? LA COMTESSE Point du tout ; j’en ai son billet. LE CHEVALIER Joignez-y un sergent ; vous voilà payée. LA COMTESSE Il est vrai ; mais… LE CHEVALIER Hé, hé, voilà un mais qui a l’air honteux. LA COMTESSE Que voulez-vous donc que je vous dise ? Pour m’assurer cet argent-là, j’ai consenti que nous fissions lui et moi un dédit de la somme. LE CHEVALIER Un dédit, Madame ! Ha c’est un vrai transport d’amour que ce dédit-là, c’est une faveur. Il me pénètre, il me trouble, je ne suis pas le maître. LA COMTESSE Ce misérable dédit ! pourquoi faut-il que je l’aie fait ? Voilà ce que c’est que ma facilité pour un homme haïssable, que j’ai toujours deviné que je haïrais ; j’ai toujours eu certaine antipathie pour lui, et je n’ai jamais eu l’esprit d’y prendre garde. LE CHEVALIER Ah ! Madame, il s’est bien accommodé de cette antipathie-là ; il en a fait un amour bien tendre ! Tenez, Madame, il me semble que je le vois à vos genoux, que vous l’écoutez avec un plaisir, qu’il vous jure de vous adorer toujours, que vous le payez du même serment, que sa bouche cherche la vôtre, et que la vôtre se laisse trouver ; car voilà ce qui arrive ; enfin je vous vois soupirer ; je vois vos yeux s’arrêter sur lui, tantôt vifs, tantôt languissants, toujours pénétrés d’amour, et d’un amour qui croît toujours. Et moi je me meurs ; ces objets-là me tuent ; comment ferai-je pour le perdre de vue ? Cruel dédit, te verrai-je toujours ? Qu’il va me coûter de chagrins ! Et qu’il me fait dire de folies ! LA COMTESSE Courage, Monsieur ; rendez-nous tous deux la victime de vos chimères ; que je suis malheureuse d’avoir parlé de ce maudit dédit ! Pourquoi faut-il que je vous aie cru raisonnable ? Pourquoi vous ai-je vu ? Est-ce que je mérite tout ce que vous me dites ? Pouvez-vous vous plaindre de moi ? Ne vous aimé-je pas assez ? Lélio doit-il vous chagriner ? L’ai-je aimé autant que je vous aime ? Où est l’homme plus chéri que vous l’êtes ? plus sûr, plus digne de l’être toujours ? Et rien ne vous persuade ; et vous vous chagrinez ; vous n’entendez rien ; vous me désolez. Que voulez-vous que nous devenions ? Comment vivre avec cela, dites-moi donc ? LE CHEVALIER Le succès de mes impertinences me surprend. C’en est fait, Comtesse ; votre douleur me rend mon repos et ma joie. Combien de choses tendres ne venez-vous pas de me dire ! Cela est inconcevable ; je suis charmé. Reprenons notre humeur gaie ; allons, oublions tout ce qui s’est passé. LA COMTESSE Mais pourquoi est-ce que je vous aime tant ? Qu’avez-vous fait pour cela ? LE CHEVALIER Hélas ! moins que rien ; tout vient de votre bonté. LA COMTESSE C’est que vous êtes plus aimable qu’un autre, apparemment. LE CHEVALIER Pour tout ce qui n’est pas comme vous, je le serais peut être assez ; mais je ne suis rien pour ce qui vous ressemble. Non, je ne pourrai jamais payer votre amour ; en vérité, je n’en suis pas digne. LA COMTESSE Comment donc faut-il être fait pour le mériter ? LE CHEVALIER Oh ! voilà ce que je ne vous dirai pas. LA COMTESSE Aimez-moi toujours, et je suis contente. LE CHEVALIER Pourrez-vous soutenir un goût si sobre ? LA COMTESSE Ne m’affligez plus et tout ira bien. LE CHEVALIER Je vous le promets ; mais, que Lélio s’en aille. LA COMTESSE J’aurais. souhaité qu’il prît son parti de lui-même, à cause du dédit ; ce serait dix mille écus que je vous sauverais, Chevalier ; car enfin, c’est votre bien que je ménage. LE CHEVALIER Périssent tous les biens du monde, et qu’il parte ; rompez avec lui la première, voilà mon bien. LA COMTESSE Faites-y réflexion. LE CHEVALIER Vous hésitez encore, vous avez peine à me le sacrifier ! Est-ce là comme on aime ? Oh ! qu’il vous manque encore de choses pour ne laisser rien à souhaiter à un homme comme moi. LA COMTESSE Eh bien ! il ne me manquera plus rien, consolez-vous. LE CHEVALIER Il vous manquera toujours pour moi. LA COMTESSE Non ; je me rends ; je renverrai Lélio, et vous dicterez son congé. LE CHEVALIER Lui direz-vous qu’il se retire sans cérémonie ? LA COMTESSE Oui. LE CHEVALIER Non, ma chère Comtesse, vous ne le renverrez pas. Il me suffit que vous y consentiez ; votre amour est à toute épreuve, et je dispense votre politesse d’aller plus loin ; c’en serait trop ; c’est à moi à avoir soin de vous, quand vous vous oubliez pour moi. LA COMTESSE Je vous aime ; cela veut tout dire. LE CHEVALIER M’aimer, cela n’est pas assez, Comtesse ; distinguez-moi un peu de Lélio ; à qui vous l’avez dit peut-être aussi. LA COMTESSE Que voulez-vous donc que je vous dise ? LE CHEVALIER Un je vous adore ; aussi bien il vous échappera demain ; avancez-le-moi d’un jour ; contentez ma petite fantaisie, dites. LA COMTESSE Je veux mourir, s’il ne me donne envie de le dire. Vous devriez être honteux d’exiger cela, au moins. LE CHEVALIER Quand vous me l’aurez dit, je vous en demanderai pardon. LA COMTESSE Je crois qu’il me persuadera. LE CHEVALIER Allons, mon cher amour, régalez ma tendresse de ce petit trait-là ; vous ne risquez rien avec moi ; laissez sortir ce mot-là de votre belle bouche ; voulez-vous que je lui donne un baiser pour l’encourager ? LA COMTESSE Ah çà ! laissez-moi ; ne serez-vous jamais content ? Je ne vous plaindrai rien quand il en sera temps. LE CHEVALIER Vous êtes attendrie, profitez de l’instant ; je ne veux qu’un mot ; voulez-vous que je vous aide ? dites comme moi Chevalier, je vous adore. LA COMTESSE Chevalier, je vous adore. Il me fait faire tout ce qu’il veut. LE CHEVALIER à part. Mon sexe n’est pas mal faible. Haut. Ah ! que j’ai de plaisir, mon cher, amour ! Encore une fois. LA COMTESSE Soit ; mais ne me demandez plus rien après. LE CHEVALIER Hé que craignez-vous que je vous demande ? LA COMTESSE Que sais-je, moi ? Vous ne finissez point. Taisez-vous LE CHEVALIER J’obéis ; je suis de bonne composition, et j’ai pour vous un respect que je ne saurais violer. LA COMTESSE Je vous épouse ; en est-ce assez ? LE CHEVALIER Bien plus qu’il ne me faut, si vous me rendez justice. LA COMTESSE Je suis prête à vous jurer une fidélité éternelle, et je perds les dix mille écus de bon cœur. LE CHEVALIER Non, vous ne les perdrez point, si vous faites ce que je vais vous dire. Lélio viendra certainement vous presser d’opter entre lui et moi ; ne manquez pas de lui dire que vous consentez à l’épouser. Je veux que vous le connaissiez à fond ; laissez-moi vous conduire, et sauvons le dédit ; vous verrez ce que c’est que cet homme-là. Le voici, je n’ai pas le temps de m’expliquer davantage. LA COMTESSE J’agirai comme vous le souhaitez. Scène VIIModifier LÉLIO, LA COMTESSE, LE CHEVALIER LÉLIO Permettez, Madame, que j’interrompe pour un moment votre entretien avec Monsieur. Je ne viens point me plaindre, et je n’ai qu’un mot à vous dire. J’aurais cependant un assez beau sujet de parler, et l’indifférence avec laquelle vous vivez avec moi, depuis que Monsieur, qui ne me vaut pas… LE CHEVALIER Il a raison. LÉLIO Finissons. Mes reproches sont raisonnables ; mais je vous déplais ; je me suis promis de me taire ; et je me tais, quoi qu’il m’en coûte. Que ne pourrais-je pas vous dire ? Pourquoi me trouvez-vous haïssable ? Pourquoi me fuyez-vous ? Que vous ai-je fait ? Je suis au désespoir. LE CHEVALIER Ah, ah, ah, ah, ah. LÉLIO Vous riez, Monsieur le Chevalier ; mais vous prenez mal votre temps, et je prendrai le mien pour vous répondre. LE CHEVALIER Ne te fâche point, Lélio. Tu n’avais qu’un mot à dire, qu’un petit mot ; et en voilà plus de cent de bon compte et rien ne s’avance ; cela me réjouit. LA COMTESSE Remettez-vous, Lélio, et dites-moi tranquillement ce que vous voulez. LÉLIO Vous prier de m’apprendre qui de nous deux il vous plaît de conserver, de Monsieur ou de moi. Prononcez, Madame ; mon cœur ne peut plus souffrir d’incertitude. LA COMTESSE Vous êtes vif, Lélio ; mais la cause de votre vivacité est pardonnable, et je vous veux plus de bien que vous ne pensez. Chevalier, nous avons jusqu’ici plaisanté ensemble, il est temps que cela finisse ; vous m’avez parlé de votre amour, je serais fâchée qu’il fut sérieux ; je dois ma main à Lélio, et je suis prête, à recevoir la sienne. Vous plaindrez-vous encore ? LÉLIO Non, Madame, vos réflexions sont à mon avantage ; et si j’osais… LA COMTESSE Je vous dispense de me remercier, Lélio ; je suis sûre de la joie que je vous donne. À part.. Sa contenance est plaisante. UN VALET Voilà une lettre qu’on vient d’apporter de la poste, Madame. LA COMTESSE Donnez. Voulez-vous bien que je me retire un moment pour la lire ? C’est de mon frère. Scène VIIIModifier LÉLIO, LE CHEVALIER LÉLIO Que diantre signifie cela ? elle me prend au mot ; que dites-vous de ce qui se passe là ? LE CHEVALIER Ce que j’en dis ? rien ; je crois que je rêve, et je tâche de me réveiller. LÉLIO Me voilà en belle posture, avec sa main qu’elle m’offre, que je lui demande avec fracas, et dont je ne me soucie point. Mais ne me trompez-vous point ? LE CHEVALIER Ah, que dites-vous là ! je vous sers loyalement, ou je ne suis pas soubrette. Ce que nous voyons là peut venir d’une chose pendant que nous nous parlions, elle me soupçonnait d’avoir quelque inclination à Paris ; je me suis contenté de lui répondre galamment là-dessus ; elle a tout d’un coup pris son sérieux ; vous êtes entré sur le champ ; et ce qu’elle en fait n’est sans doute qu’un reste de dépit, qui va se passer ; car elle m’aime. LÉLIO Me voilà fort embarrassé. LE CHEVALIER Si elle continue à vous offrir sa main, tout le remède que j’y trouve, c’est de lui dire que vous l’épouserez, quoique vous ne l’aimiez plus. Tournez-lui cette impertinence-là d’une manière polie ; ajoutez que, si elle ne veut pas le dédit sera son affaire. LÉLIO Il y a bien du bizarre dans ce que tu me proposes là. LE CHEVALIER Du bizarre ! Depuis quand êtes-vous si délicat ? Est-ce que vous reculez pour un mauvais procédé de plus qui vous sauve dix mille écus ? Je ne vous aime plus, Madame, cependant je veux vous épouser ; ne le voulez-vous pas ? payer le dédit ; donnez-moi votre main ou de l’argent. Voilà tout. Scène IXModifier LÉLIO, LA COMTESSE, LE CHEVALIER LA COMTESSE Lélio, mon frère ne viendra pas si tôt. Ainsi, il n’est plus question de l’attendre, et nous finirons quand vous voudrez. LE CHEVALIER, bas à Lélio. Courage ; encore une impertinence, et puis c’est tout. LÉLIO Ma foi, Madame, oserais-je vous parler franchement ? Je ne trouve plus mon cœur dans sa situation ordinaire. LA COMTESSE Comment donc ! expliquez-vous ; ne m’aimez-vous plus ? LÉLIO Je ne dis pas cela tout à fait ; mais mes inquiétudes ont un peu rebuté mon cœur. LA COMTESSE Et que signifie donc ce grand étalage de transports que vous venez de me faire ? Qu’est devenu votre désespoir ? N’était-ce qu’une passion de théâtre ? Il semblait que vous alliez mourir, si je n’y avais mis ordre. Expliquez-vous, Madame ; je n’en puis plus, je souffre… LÉLIO Ma foi, Madame, c’est que je croyais que je ne risquerais rien, et que vous me refuseriez. LA COMTESSE Vous êtes un excellent comédien ; et le dédit, qu’en ferons-nous, Monsieur ? LÉLIO Nous le tiendrons, Madame ; j’aurai l’honneur de vous épouser. LA COMTESSE Quoi donc ! vous m’épouserez, et vous ne m’aimez plus ! LÉLIO Cela n’y fait de rien, Madame ; cela ne doit pas vous arrêter. LA COMTESSE Allez, je vous méprise, et ne veux point de vous. LÉLIO Et le dédit, Madame, vous voulez donc bien l’acquitter ? LA COMTESSE Qu’entends-je, Lélio ? Où est la probité ? LE CHEVALIER Monsieur ne pourra guère vous en dire des nouvelles ; je ne crois pas qu’elle soit de sa connaissance. Mais il n’est pas juste qu’un misérable dédit vous brouille ensemble ; tenez, ne vous gênez plus ni l’un ni l’autre ; le voilà rompu. Ha, ha, ha. LÉLIO Ah, fourbe ! LE CHEVALIER Ha, ha, ha, consolez-vous, Lélio ; il vous reste une demoiselle de douze mille livres de rente ; ha, ha ! On vous a écrit qu’elle était belle ; on vous a trompé, car la voilà ; mon visage est l’original du sien. LA COMTESSE Ah juste ciel ! LE CHEVALIER Ma métamorphose n’est pas du goût de vos tendres sentiments, ma chère Comtesse. Je vous aurais mené assez loin, si j’avais pu vous tenir compagnie ; voilà bien de l’amour de perdu ; mais, en revanche, voilà une bonne somme de sauvée ; je vous conterai le joli petit tour qu’on voulait vous jouer. LA COMTESSE Je n’en connais point de plus triste que celui que vous me jouez vous-même. LE CHEVALIER Consolez-vous vous perdez d’aimables espérances, je ne vous les avais données que pour votre bien. Regardez le chagrin qui vous arrive comme une petite punition de votre inconstance ; vous avez quitté Lélio moins par raison que par légèreté, et cela mérite un peu de correction. À votre égard, seigneur Lélio, voici votre bague. Vous me l’avez donnée de bon cœur, et j’en dispose en faveur de Trivelin et d’Arlequin. Tenez, mes enfants, vendez cela, et partagez-en l’argent. TRIVELIN etARLEQUIN Grand merci ! TRIVELIN Voici les musiciens qui viennent vous donner la fête qu’ils ont promise. LE CHEVALIER Voyez-la, puisque vous êtes ici. Vous partirez après ; ce sera toujours autant de pris. DIVERTISSEMENTModifier Cet amour dont nos cœurs se laissent enflammer, Ce charme si touchant, ce doux plaisir d’aimer Est le plus grand des biens que le ciel nous dispense. Livrons-nous donc sans résistance À l’objet qui vient nous charmer. Au milieu des transports dont il remplit notre âme, Jurons-lui mille fois une éternelle flamme. Mais n’inspire-t-il plus ces aimables transports ? Trahissons aussitôt nos serments sans remords. Ce n’est plus à l’objet qui cesse de nous plaire Que doivent s’adresser les serments qu’on a faits, C’est à l’Amour qu’on les fit faire, C’est lui qu’on a juré de ne quitter jamais. PREMIER COUPLET. Jurer d’aimer toute sa vie, N’est pas un rigoureux tourment. Savez-vous ce qu’il signifie ? Ce n’est ni Philis, ni Silvie, Que l’on doit aimer constamment ; C’est l’objet qui nous fait envie. DEUXIEME COUPLET. Amants, si votre caractère, Tel qu’il est, se montrait à nous, Quel parti prendre, et comment faire ? Le célibat est bien austère ; Faudrait-il se passer d’époux ? Mais il nous est trop nécessaire. TROISIEME COUPLET. Mesdames, vous allez conclure Que tous les hommes sont maudits ; Mais doucement et point d’injure ; Quand nous ferons votre peinture, Elle est, je vous en avertis, Cent fois plus drôle, je vous jure.
Parboby, le 07.09.2012 très bien. Par caroline, le 23.05.2012 bonjour mylène, :) je ne porte aucune rancoeur mylène, je pensais juste que tu serais capable de dire, je t Par imitateur, le 12.05.2012 $$$$$ _____ _____$$ _____ _____$$ _____ _____$$ _____ _ _____$$ Par simplements, le 14.04.2012 bonjour franck je n'ai pas à donnner des noms
Contenu en pleine largeur Le loup » est une poésie de Corinne Albaut parue pour la première fois en 1982 sur disque vinyle Contemimes 35 comptines à mimer aux éditions Unidisc. Ce poème aux rimes rigolotes en ou » est parfaite pour faire entrer nos petits bouts dans le monde fascinant de la poésie. Vous pouvez visiter le site de Corinne Albaut ICI ou jeter un coup d’œil à sa chaîne YouTube. Le loup On ne m’aime pas du tout Mon poil n’est pas doux, doux, doux. On ne m’aime pas du tout Je vis au fond de mon trou. On ne m’aime pas du tout On me chasse de partout. On ne m’aime pas du tout On m’appelle méchant loup. On ne m’aime pas du tout Et je hurle comme un fou Haou ou ou ou ! Corinne Albaut Go to Top
Londres fin 1940. La Luftwaffe bombarde sans répit la capitale de la Grande-Bretagne. C'est le Blitz. Frankie Bard, correspondante d'une radio américaine, tente de sensibiliser ses compatriotes Je t'aime mon loup Mon gros loup, mon p'tit loup Je t'aime mon loup Mon gros loup, p'tit loup. On dit que t'es mauvais C'est pas vrai, c'est pas vrai On dit que t'es mauvais C'est pas vrai, pas vrai. Paraît que t'es méchant C'est navrant, c'est navrant Paraît que t'es méchant C'est navrant navrant. Y'a des hommes Faut voir comme Ils ont la dent dure dure dure dure dure dure Ils ont la dent dure Garanti sur facture. REFRAIN Y'a des dames C'est un drame Qui portent un manteau teau teau teau teau teau Qui portent un manteau De ta peau sur le dos. REFRAIN Des chasseurs Enfants de choeur J'en n'ai pas connus nus nus nus nus nus J'en n'ai pas connus Et j'en n'ai jamais vus. REFRAIN à écouter ICI chanson d'Henri Dés un grand classique de l'école maternelle Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous
Lescomptines sont des jeux de langage où la fantaisie a toute sa place. La force des comptines ne tient pas seulement dans le sens de leurs paroles mais dans les rythmes et les sons qui sont scandés. Ce sont comme des jeux sonores. Les comptines et chansons que vous pouvez écouter sur issues de la tradition orale
Le loup Auteur Corinne Albaut Niveau Cycles I et II Style de chant 1 voixOn ne m’aime pas du toutMon poil n’est pas doux, doux, doux. On ne m’aime pas du toutJe vis au fond de mon trou. On ne m’aime pas du toutOn me chasse de partout. On ne m’aime pas du toutOn m’appelle méchant loup. On ne m’aime pas du toutEt je hurle comme un fouHaou ou ou ou ! Extrait du CD "Contemimes" Retour . 126 82 453 412 84 93 301 23

comptine le loup on ne m aime pas du tout